lundi 24 décembre 2018

C'était mieux avant... Les français, pessimistes champions du monde

Le monde de 2018 est probablement le meilleur des mondes ayant existé. Augmentation de l’espérance de vie, éradication des maladies, baisse des homicides… Statistiquement, jamais l’humanité ne s’est aussi bien portée.

La France est un pays admiré à l’étranger pour sa gastronomie, son système de santé et son équipe de foot. Pourtant, d’après un sondage annuel sur la confiance dans l’avenir, les Français sont régulièrement dans le peloton de tête des peuples les plus pessimistes quant à l’avenir, loin derrière le Nigéria (72 % ont confiance en l’avenir), l’Inde (65 %) et bien d’autres.

« En général, les pays les plus avancés sont dans le bas du classement, assure Yves de Montbron, secrétaire de la Ligue des Optimistes de France. Le monde va beaucoup mieux maintenant et on ne s’en rend pas compte. C’est ce qu’on appelle l’habituation hédonique. On veut une maison plus grande, une meilleure voiture et une fois qu’on les possède, on n’y prête plus attention. Nos grands-parents auraient adoré vivre à notre époque ! »

La situation s’est considérablement améliorée
Il suffit de faire une petite recherche pour trouver des statistiques corroborant le fait que la planète de 2018 est plus agréable que celle du siècle dernier. Avec les progrès de la médecine, on sait maintenant traiter la plupart des maladies et prendre les mesures adéquates pour contenir l’expansion de virus mortels. Sans remonter au Moyen-Âge, rien que ces dernières décennies, la situation s’est considérablement améliorée.

La mortalité infantile, c’est-à-dire le nombre d’enfants qui meurent avant l’âge d’un an, a diminué drastiquement, passant de 6,5 % à 2,9 % ces 17 dernières années selon les données de la Banque mondiale.

En France aussi la situation ne cesse de progresser, passant de 2,4 % en 1960 à moins de 0,4 % depuis 2003. Les maladies mortelles ou invalidantes, comme la variole, la maladie du ver de Guinée, la polio et le pian, sont éteintes ou en bonne voie de disparition.

Pourquoi est-ce que l’on ne se rend plus compte que les choses évoluent dans le bon sens ? L’ambiance pessimiste en France peut être liée en partie au système scolaire : « On y met en évidence les erreurs plutôt que les progrès, explique Yves de Montbron. L’héritage de Descartes, pour qui tout doit être rationnel et pris avec prudence, est encore très présent dans notre pays. »

Des biais qui déforment la réalité
Stefano Palminteri est chercheur au laboratoire de neurosciences cognitives et computationnelles à l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm). Il étudie les biais cognitifs, c’est-à-dire les filtres que l’on applique inconsciemment face à la réalité – et qui la déforment. Il a constaté que « plus nous sommes acteurs des décisions prises pour nous-même, plus nous tendons à être optimistes ».

« Puisque de façon générale les journaux télévisés relaient des informations négatives, nous n’avons pas d’attente neutre lorsque nous sommes devant le JT, analyse le chercheur. Nos attentes d’avoir de mauvaises nouvelles vont être plus ou moins confirmées. Avec le biais de confirmation, nous donnons plus de poids aux informations qui confirment nos attentes. Du coup, les JTs peuvent contribuer à créer un cercle vicieux qui nous amène à croire à un monde dominé par les mauvaises nouvelles. » Les médias d’actualité parlent, par définition, de ce qu’il se passe sur le temps court, alors que les bonnes nouvelles arrivent sur le temps long.

Plus grande stabilité politique
Au niveau politique, ces 200 dernières années, le nombre de démocraties n’a eu de cesse d’augmenter – pour atteindre son niveau le plus haut ces dernières années. De plus en plus d’États renoncent à la peine de mort. Dernier exemple : la Guinée, en décembre 2017. Parallèlement à cette stabilité politique, la grande pauvreté baisse et l’espérance de vie augmente dans le monde.

Pour les femmes, l’avenir est plus brillant aussi, dans le monde et en Europe. Et le changement arrive en ce moment même : le pourcentage de femmes terminant l’école primaire est passé de 78,5 % en 2000 à 89,3 % en 2016. Au sein de l’Union européenne, l’écart de salaire entre les hommes et les femmes s’est réduit ces trente dernières années. De quoi être optimiste, non ? 

« En France, on associe le pessimisme à une forme de lucidité intelligente, indique Yves de Montbron. Les optimistes, eux, passent pour des bisounous, des naïfs, des utopistes. Or, toutes les grandes avancées sociétales et technologiques ont été portées par des utopistes, des frères Wright à Martin Luther King ou de Steve Jobs à Nelson Mandela. »

Stefano Palminteri compare les biais cognitifs à des illusions d’optique : « On ne peut rien faire contre cette illusion. Si on connaît le truc, on peut se forcer à corriger cette illusion, mais il en restera toujours quelque chose. »

Se concentrer sur les actions que l’on peut faire
Sans nier les problèmes écologiques ni les nouveaux problèmes sanitaires qui apparaissent, les chercheurs conseillent de prendre du recul sur toutes les mauvaises nouvelles que l’on entend à longueur de journée.

Pour Yves de Montbron, « un optimiste moderne adopte une attitude qui consiste à observer le monde de manière positive et active. Il se concentre sur les actions qu’il peut faire, et ça commence par son état mental. Un optimiste qui agit ira toujours plus loin que deux pessimistes qui restent assis à récriminer. »

Source : https://www.ouest-france.fr/leditiondusoir/data/38564/reader/reader.html?t=1542993103183#!preferred/1/package/38564/pub/55841/page/6

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